Ramadan, parfois orthographié ramadhan est le neuvième mois du calendrier hégirien (1). Seul mois dont le nom figure dans le Coran, ramadan est pour les musulmans le « mois saint par excellence » car il constitue le mois du jeûne et contient Laylat al-Qadr (2). C’est aussi -selon la tradition musulmane – (3), le mois où l’ange Gabriel aurait commencé à révéler le texte sacré au prophète Mohammed.
Au cours du mois de ramadan, les musulmans c’est-à-dire les adultes et les enfants ayant atteint la puberté, selon les différentes écoles théologiques musulmanes, ne doivent pas manger, boire, ni entretenir de rapports sexuels de l’aube au coucher du soleil. Ramadan est considéré comme le « mois de la charité », car lorsqu’il s’achève, le fidèle doit s’acquitter d’une aumône, la zakât el-Fitr. Il est aussi le mois où les croyants sont invités à redoubler de piété, de multiplier les prières collectives et les soirées de dou’â (prières chantées collectivement de doléances adressées à Dieu pour notamment implorer sa miséricorde.)
C’est enfin un mois où la solidarité sociale, la compassion envers les plus faibles, le pardon et l’entraide devraient prédominer.
Comment déterminer les dates du ramadan ?
Le début du mois de ramadan n’est jamais connu à l’avance avec précision. C’est la raison pour laquelle il existe une « nuit du doute » qui mobilise observateurs, responsables religieux et savants, les yeux rivés sur le ciel et le calendrier lunaire islamique pour confirmer « une conjonction du croissant » et donner enfin la date exacte du jour où l’on doit débuter le jeun.
Ainsi, il arrive parfois qu’en France ainsi que dans des pays musulmans, les dates ne correspondent pas, selon la décision des autorités officielles du pays en question. En France, c’est l’ensemble des associations et institutions qui s’occupent du culte musulman qui, à la suite de la nuit du doute annonce le début du mois sacré.
Le calendrier musulman est « lunaire »
cela veut dire que l’on change de mois à chaque Nouvelle Lune. Le début du mois de ramadan dépend donc de la nouvelle Lune (le tout premier croissant de Lune). Mais il n’y a pas d’accord ou de consensus entre ceux qui considèrent qu’il faut absolument voir l’astre dans le ciel et ceux qui font confiance à la science astronomique pour s’assurer qu’un nouveau mois lunaire commence.
Les partisans de la méthode scientifique pensent que les calculs astronomiques sont fiables quant à l’apparition de la Lune et que pouvoir fixer à l’avance les dates de début et de fin du ramadan permet aux croyants de s’organiser et surtout d’unifier les dates du mois sacré dans le monde entier.
Quant aux tenants de la tradition, ils considèrent que l’observation à l’œil nu de la nouvelle Lune dans le ciel est indispensable, quels que soient les calculs des scientifiques. Ce n’est que si la lune est visible que l’on entre dans un nouveau mois lunaire.
En France, la commission théologique de la Grande Mosquée de Paris tente depuis longtemps un compromis entre les deux méthodes, en prenant à la fois en considération l’observation de la Lune et les résultats des travaux sur l’adoption du calcul scientifique et des données astronomiques universelles pour la détermination du début et de la fin du mois de ramadan. En considérant qu’il s’agit de deux méthodes « complémentaires ».
La Commission théologique de la Grande Mosquée de Paris tente depuis 2022 un compromis et prend à la fois en considération l’observation de la Lune et « les résultats des travaux sur l’adoption du calcul scientifique et des données astronomiques universelles pour la détermination du début et de la fin du mois béni de Ramadan. » Et de souligner qu’il s’agit de « deux méthodes complémentaires ».l’apparition du premier croissant de lune, elle valide à la fois le commencement mais aussi le terme de ce mois de jeûne.
Il y a donc deux « nuits du doute » : une première, peu avant le début estimé, et une seconde au 29 ème jour du mois de jeûne. Cette dernière permet alors de définir la date de l’Aïd el-Fitr, la fête qui clôture le ramadan.
Le mois du ramadan : Le quatrième pilier de l’Islam
Le jeûne du mois de ramadan représente le quatrième pilier de l’islam. Après la Chahada (profession de foi musulmane), la prière (5 fois par jour), la zakât (aumône légale) et le pèlerinage à la Mecque. Cet acte de foi est respecté par de nombreux musulmans vivants en France. Selon l’Insee, plus de 5 millions de croyants pratiquent le ramadan chaque année dans l’Hexagone. A l’échelle mondiale, c’est plus de 1,5 milliards de personnes qui sont concernées.
Il s’agit, pour les musulmans pratiquants d’observer le jeûne depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil. Quand le ramadan tombe en plein été, les journées sont plus longues, les chaleurs souvent insupportables, rendant la privation de nourriture et de boisson très éprouvante
L’Aïd el-Fitr consacre la fin du ramadan
Le mois de chawwâl (dixième mois du calendrier musulman) débute précisément avec la fête de fin du jeûne : l’Aïd el-Fitr), Aïd signifiant en arabe « fête » et Fitr « rupture de jeûne ». Cette fête est l’une des plus importantes du monde musulman. Elle est célébrée entre amis, familles et proches de la famille et marquée par une prière collective importante le matin.
On prépare les meilleurs gâteaux, on met les plus beaux habits et les enfants ont droit à de nombreuses gâteries, mais ils préfèrent qu’on alimente leur tire-lire !!!
La Omra ou « petit pèlerinage »
La omra est une forme de mini pèlerinage qui n’est pas obligatoire comme le hajj, grand pèlerinage qui fait partie des cinq piliers de l’Islam.. Par ailleurs, si le hajj ne peut être effectué que lors du dernier mois de l’année musulmane, la omra est réalisable tout au long de l’année.. Il est toutefois recommandé de la pratiquer pendant le mois de ramadan.
Principaux événements durant le mois de ramadan
Laylat al-Qadr
Selon le, Coran , c’est au cours de cette nuit que le texte sacré aurait été révélé au prophète Mohammed par l’intermédiaire de l’archange Gabriel. Laylat al- Qadr (Nuit du Destin) est considérée comme la nuit la plus sainte de l’année. Il s’agit d’une commémoration observée au cours de l’un des dix derniers jours impairs du mois.
Selon la Coran, cette nuit est « meilleure que mille mois « de prières, de bonnes actions et d’invocations : prier tout au long de cette nuit est ainsi autant récompensé que prier durant mille mois.
Zakât al-Fitr
Zakât al-Fitr (aumône de la rupture du jeûne) est versée avant la fin du mois de ramadan. Il s’agit d’un don annuel de la part des croyants. La zakât al-Fitr est plus spontanément et généreusement versée que les autres formes de dons, car liée aux « bienfaits » du mois sacré de ramadan, alors qu’elle ne représente pas une des obligations les plus importantes.
Aïd al-Fitr
Le premier jour du mois de Chawwâl marque la fin de la période de jeûne et donc la fête islamique de l’Aïd al-Fitr. Cete fête arrive donc après 29 ou 30 jours de jeûne.. Lorsque le jeûne est terminé, les musulmans se rendent dans les mosquées en début de matinée, vêtus de leurs plus beaux vêtements (souvent nouveaux), pour la première prière de l’Aïd. Des cadeaux sont ensuite remis aux enfants, des festins organisés et des visites aux parents et amis effectuées. Des aliments sont donnés aux pauvres (zakât al-Fitr). Certains musulmans considèrent que la fête doit durer trois jours. La prière est de deux rak’aa (génuflexions) seulement et elle est optionnelle (sunnah) par opposition aux cinq prières quotidiennes prescrites.
Durant le mois suivant, appelé Chawwâl, il est recommandé par certains courants théologiques de jeûner encore six jours. Il est possible de pratiquer le jeûne pour cette période d façon continue ou discontinue sans incidence sur le mérite. La loi musulmane, selon toutes écoles théologiques n’apporte aucun caractère obligatoire à ce jeûne supplémentaire.
Le Ramadan : un mois de miséricorde et de solidarité
Ramadan est l’occasion pour chaque musulman de « revenir vers soi-même », de faire son introspection. Durant cette période, l’attention à autrui et les gestes solidaires envers les plus vulnérables sont encouragés. En France, de nombreuses associations humanitaires se chargent de centraliser les dons pendant le ramadan pour les transformer en action d’aide humanitaire destinées aux personnes les plus démunies, que ce soit en France ou dans le monde.
Comment se déroule une journée de jeûn ?
Les musulmans doivent s’abstenir de manger et de boire avant l’appel à la prière de l’aube, et ce jusqu’à ce que commence la quatrième prière de la journée, salât al-Maghrib. Le jeûne doit être absolu depuis le moment où « apparaît pour vous le fil blanc du fil noir » (Coran, II, 187), c’est-à-dire jusqu’au coucher du soleil.
Le début du jeûne correspond dans la pratique et selon les théologiens soit au début du « crépuscule astronomique », lors de l’apparition des étoiles de magnitude 6, soit au début « du crépuscule nautique », moment de l’apparition des premières lueurs de l’aube et le seul en cohérence avec le Coran.
Le soleil est alors respectivement abaissé à 12° en dessous de l’horizon ; le jeûne ne cessera qu’au coucher complet du soleil (Iftâr). Les musulmans peuvent alors commencer à manger et à boire, jusqu’à l’appel à la prière d’al-Fajr le lendemain. Ensuite , le processus recommence pour une nouvelle journée.
Le S’hour (repas de nuit)
Le s’hour est plus une pratique qui s’est largement répandue dans l’ensemble du monde musulman qu’une obligation coranique ou même une tradition. Il s’agit d’un ultime repas que l’on prend avant la prière de l’aube qui annonce le début de la journée de jeûne. Certains s’endorment et mettent le réveil pour pouvoir manger une dernière fois avant le début des « privations », d’autres restent éveillés afin de manger encore (souvent les restes du repas de l’Iftâr).
Les « Tarâwîh »
Ramadan est le mois où le Coran est remis au cœur de la vie sociale et spirituelle des musulmans. Il y trouve une valeur commémorative, puisque c’est le mois où « le Coran fut révélé comme direction pour les hommes » – II, 185. C’est aussi, bien sûr un mois de jeûne prescrit. Cette commémoration se traduit par les tarâwîh , séances de prières pratiquées à la mosquées en soirée, après la prière de l’Ishâ et aux cours desquelles les imams lisent une partie du Coran. A la fin du ramadan, l’imam doit avoir effectué une récitation complète des sourates
Durant ce mois sacré, les musulmans se doivent de faire plus d’efforts pour suivre et mettre en pratique les enseignements de l’Islam et éviter toute attitude et tous comportements contraires au commandements de la religion. Les pensées et activités sexuelles durant les heures de jeûne sont également proscrites (Coran – Sourate al-Baqara, verset 187).
Le mois du Ramadan : Aspects socio-économiques
Comme nous le disions , le ramadan est un temps fort dans la vie des musulmans ; il s’agit aussi d’un temps à forte dimension communautaire où la foi, la pratique assidue de la prière par exemple, les actes d’entraide et de solidarité, la charité, doivent guider le musulman durant toute sa journée…
Dérapages et excès
Mais comme dans tout phénomène social ou religieux, cela ne va pas sans incompréhension, mauvaise foi, manquements aux règles, mauvaise interprétation et autres dérapages, notamment, hélas , au niveau économique en ce qui concerne la nourriture qui devient un enjeu important puisque la demande augmente fortement en quantité et en qualité, quand par exemple les plus aisés finissent par rechercher des produits exotiques, rares, forcément importés et donc chers…
Associés aux fêtes dans l’esprit des non-musulmans, le terme ramadan a même été, par altération, transformé à la fin du XIXème siècle en ramdam, qui signifie « grand tapage » ou « vacarme » ! En effet, la rupture du jeûne est une occasion de festivité. Dans certains pays et certaines villes, la rupture du jeûne était même signalée par de puissants coups de sirènes, audibles dans toute la ville et ses environs !
Les dépenses alimentaires augmentent forcément, parfois de 50 à 100% dans certains pays musulmans comme l’Egypte, de 30% en France, tandis que l’essentiel de la nourriture achetée, n’est pas toujours consommée et donc jetée au lieu d’être donnée à des gens dans le besoin comme cela est recommandé dans les prêches des mosquées !
Ce mois est accompagné d’un marketing particulier. Surtout depuis la libéralisation des économies dans les pays arabo-musulmans et donc celle des médias en tout genre qui se mettent au service du consummering « ramadanesque », participant ainsi à la consommation de produits non nécessaires à l’équilibre alimentaire et d’autres excès. Il va sans dire que chaque ramadan est accompagné d’un forte inflation, y compris sur les produits non directement alimentaires (matériel de cuisine, décorations de tables, nouvelle vaisselle…)… et même les prix des courses de taxis si jamais par malheur vous êtes coincés par malheur et ne pouvez rentrer à temps chez vous pour rompre le jeûne en famille !
Le passage un peu brusque à une surconsommation inhabituelle s’accompagne forcément d’un certain nombre de dérèglements physiques et de maladies passagères ou durables : maladies cardio-vasculaires, diabète, système digestif, infarctus ou AVC.
Les télévisions en fêtes
Les télévisions arabes, connues jusqu’à ces dernières années de triomphe du libéralisme étaient souvent composées d’une seule chaîne étatique, plus orientée vers la propagande gouvernementale que vers l’information véritable, la culture et le divertissement. Pourtant, même au temps des chaînes uniques, les télévisions faisaient comme pour l’Aïd : elles sortaient leurs meilleurs apparats. Stocks de téléfilms nouveaux, on ressort les séries qui ont le mieux marché, on organise des soirées de variétés avec les plus grandes vedettes du pays et on fait même un effort d’achat de films ou séries inédites aussi bien aux télévisions arabes productrices (essentiellement l’Egypte et le Liban à l’époque) qu’aux télévisions occidentales avec sous-titrage ou doublage.
Dans les pays du Maghreb, les importations de films et séries françaises sont diffusés directement en Français
C’est le mois et aussi la période de l’année où les chaînes de télévision arabes réalisent leurs meilleurs scores d’audience, notamment aux heures de grande écoute, aux alentours de l’Iftâr. Si le choix des programmes est crucial pour les chaînes arabes, c’est parce que les recettes publicitaires grimpent à une vitesse vertigineuse pendant ce mois. Ainsi, selon IPSOS , un spot publicitaire sur MBC, chaîne de télévision panarabe d’origine saoudienne émettant depuis Dubaï couterait quelques 12000 dollars pendant le ramadan contre 4450 dollars le reste de l’année, soit trois fois plus que son prix initial.