La plupart des aspects de la culture berbère ( pays de Maghreb) ont repris leur juste place dans le débat national : poésie, littérature, histoire, grands noms de la berbérité y compris les grands personnages qui se sont mis au service de la cause musulmane par la suite.Il faut savoir -et avoir le courage de le dire aussi- que le vêtement typiquement berbère, pendant tout ce temps a continué certes à exister, à être travaillée méticuleusement et avec amour selon les traditions et les matériaux les plus ancestraux, savoir-faire transmis de génération en génération quelle que soit la période et quels que soient les occupants de la région du moment.
Affirmation des identités : Les tenues traditionnelles berbères
Il est indéniable que la colonisation française a progressivement pratiquement sonné le glas du port de la tenue traditionnelle. Peu à peu, les maghrébins rejoignant les villes, petites, moyennes ou grandes pour y chercher du travail, choisissaient de porter des tenues occidentales dans le but d’être mieux vus et d’avoir plus de chance d’espérer une embauche.
Parfois, cela atteignait les limites du cocasse : certes, il fallait faire une concession majeure au colonisateur pourvoyeur de travail en passant au costume occidentale (essentiellement pantalon, chemise et veste). Mais on gardait souvent un accessoire traditionnel comme pour se démarquer, comme pour dire aux siens : « regardez, je n’ai pas entièrement renié mon identité » ! Il s’agissait alors de garder le chapeau traditionnel ( , ou chéchia dite Istamboul, plus haute, sorte de cône cylindrique avec un pompon qui tournoie selon les mouvements de la tête !).
On pouvait parfois aussi porter sous la veste et sur la chemise occidentale un gilet à l’ancienne, de style ottoman, élégant et tout bordé de broderies. Le plus original dans ce genre d’accoutrement « mixtes », consistait à porter carrément un sarouel (pantalon bouffant), avec au-dessus, l’ensemble veste européenne, chemise et gilet turc ! Sans oublier la chéchia, bien sûr, ou parfois même le turban !!!
Vêtements et mode berbère à l’honneur
Les chamboulements connus dans les pays du Maghreb ont remis sur le tapis la question berbère, disions-nous. Le problème vestimentaire, qui peut paraître secondaire a pris des proportions inattendues. Et pas uniquement par esprit de revanche, de provocation ou pour se distinguer dans les manifs par exemple. Non, le vêtement est devenu un « instrument » de lutte, un symbole de taille, et son exhibition en public vaut tout un discours, voire même est devenue l’égal du fait d’arborer le drapeau Amazighe, désormais reconnu par les autorités et présent dans toutes les manifestations, politiques, sportives ou culturelles…
Durant longtemps, l’habit berbère était resté cantonné aux espaces intérieures, aux fêtes intimes ; on avait presque honte de le porter dehors, à part en milieu rural où les femmes berbères, Kabyles, Touaregs ou Chaouias n’hésitaient pas à aller travailler dans les champs en tenue traditionnelles. Aujourd’hui, les temps ont changé. C’est devenu un honneur, une grande fierté de porter les vêtements ancestraux, si possible retravaillé, revus selon les goûts d’aujourd’hui, revalorisés par l’emploi de tissus nobles et traités par des instruments ou des machines modernes.
Cela est valable pour les petites productions locales et la consommation forcément limitée des populations en cause ou intéressées.
Mais les choses vont beaucoup plus loin, désormais. Le vêtement berbère, au-delà de toute la symbolique qu’il représente, est aujourd’hui à la mode ; un véritable produit de consommation de masse, qui attire investisseurs, designer, distributeurs, consommateurs et médias spécialisés dans l’habillement. Et ce, à l’échelle internationale comme nous allons le voir, et entre les mains de grandes entreprises de réputation mondiale.
Mais avant de rentrer dans l’univers de la mode berbère à proprement parler, essayons, brièvement de nous familiarise r avec ce monde berbère, sa composition ethnique, son histoire, sa culture en générale dont l’habillement n’est que la partie apparente.
Costumes berbères des Aurès (Algérie)
Le massif auréssien est un véritable rempart naturel, un relief qui fait obstacle aux intrusions extérieures. Il est encore plus difficile d’accès que les montagnes de Kabylie.Cette particularité a permis la permanence de formes vestimentaires et de parures vernaculaires peu influencées par les cultures étrangères. Célèbres depuis l’antiquité pour leur résistance aux envahisseurs de tous bords, les tribus des Aurès conservent des costumes qui appartiennent à la grande famille des costumes berbères.
Le costume de l’Aures
Ainsi, l’élément fondamentale de la tenue des femmes reste le péplum de type dorien, appelé elhaf . Il s’apparente, par le nom, à la melhafa des Constantinoises et de toutes les citadines algériennes, pourtant, il ressemble davantage à l’akhellal kabyle at aux drapés maghrébins de type rural.
Elhaf est confectionné alors à partir de lés de toile de coton noire qui lui donne davantage de souplesse. Les galons de passementerie vivement colorés, le plus souvent jaunes, rouges, verts ou roses, qui soulignent ses bords créent un contraste visuel saisissant.. Plus léger que son prédécesseur rustique, l’Elhaf en coton nécessite la présence de vêtements sous-jacents, surtout durant la saison froide. Une chemise et une tunique, toutes deux coupées dans de simples cotonnades, sont prévues à cet effet. La première, portée à même la peau, s’appelle meqdha. De forme rudimentaire et de teinte sombre, elle possède des manches, tandis que la tunique qui la surmonte, appelée teibibt , en est dénudée.
La fibule, élément central du vêtement berbère
La fibule berbère est à la fois un élément décoratif et symbolique qui occupe une place très importante dans le patrimoine berbère. En langue autochtone tamazight elle est appelée tieseghnest (pl. tiseghnas), ou encore tazerzit (pl. tizerzay) selon les régions.
Les bijoux, bien que façonnés en argent, trahissent également l’influence de la capitale régionale notamment à travers l’usage fréquent de la technique du filigrane. Les deux fibules de l’Elhaf sont enjolivées de décors filigranés, mêlés à d’autres types d’ornements, tels que les demi-sphères creuses, les grenailles, les incisions, les contours dentelés, les incrustations de verres rouges ou verts, et surtout les ajours qui tracent des motifs géométriques et floraux. La plaque soudée à la racine de l’ardillon de la tabzimt auréssienne supporte ces décorations et différencie les fibules entre elles. Ainsi, l’originalité et la variété des formes de la tabzimt auréssienne qui passent de l’ovale au triangle et au cercle, réhaussent l’uniformité du péplum puisque seul l’Elhaf réservé aux occasions peut afficher des tissus colorés aux tonalités claires, voire même des soieries pour les femmes qui ont en les moyens.
Partfois, les boîtes à miroir constituent de véritables pièces d’orfèvrerie ; elles sont alors ajourées de manière à ne pas entraver l’action protectrice du miroir. Des pendentifs symbolisant la main qui éloigne le mauvais œil, lointain héritage de croyances antiques punico-numides, peuvent s’adjoindre à ces nombreuses boîtes. La devanture de l’Elhaf se dissimule ainsi sous une multitude d’objets magiques.
Mais la femme Chaouia détient un autre bijou de grande valeur qui suffit à lui seul à parer le buste : le guerran ou aguerran. Chargé de trois disques liés entre eux par des fragments de chaînes, il connecte deux fibules arrondies qui retiennent les pans du péplum. Cet ornement de poitrine comporte donc cinq éléments circulaires ajourés, réhaussés de verroterie et chargé de nombreuses chaînettes à pendeloques, les tiselslet, omniprésentes sur la majeur partie des bijoux des Aurès.
La fibule, signe de fierté et de chasteté
Les grandes fibules berbères sont souvent destinées à un usage décoratif, mais il existe de petites fibules souvent utilisées comme broches, sans oublier les toutes petites dont l’utilisation est destinée aux cheveux ou au front. De nos jours, elle est plus utilisée comme broche et généralement portée avec la tenue traditionnelle berbère, constituant un signe de fierté et de chasteté pour les femmes berbères.
Ces fibules en anneau ouvert, ou fibules » pennanulaires », sont portées généralement par paires, avec la pointe de l’épingle tournée vers le haut. Elles sont généralement de grande taille, et de facture plus sommaire que les broches britanniques médiévales, si l’on excepte un groupe de ces accessoires dont la tête d’épingle est très grosse et richement ouvragées.
Chez les Berbères, les bijoux et les parures complètent l’habillement
Les étoffes des foulards et du turban qui coiffent les villageoises se devinent difficilement sous le diadème formé de plaques ajourées illuminées de verroterie, notamment dans les villages de la vallée de l’Oued Abdi, où se concentrent les orfèvres les plus habiles et les plus réputés de la région. Pourtant, l’agencement du turban en toile de coton dont les extrémités, soulignées de rubans dorés, débordent sur la tempe ou se déposent sur l’épaule après avoir contourné le visage, requiert une grande dextérité.
Proches du diadème, les temporaux ou ne’assa, suspendus au turban et annexés aux chaînes de la jugulaire, ‘angab, qui passe sous le menton, impressionnent parfois par leurs dimensions. Ils jouxtent les touchnet ou timchrafin, splendides anneaux d’oreilles d’origine byzantine réhaussés de motifs ajourés internes et de dentelures externes, qui émergent du turban. L’extrême variétés des anneaux d’oreilles auréssiens du XIXème siècle se réduit, au cours des décennies suivantes, à quelques modèles de boucles aux dimensions plus modestes. Avant le milieu du XX ème siècle, la tchouchana disparaît et la timechreft devient démodée. Aussi, la coutume qui veut que les femmes alignent trois ou quatre anneaux différents sur chaque oreille et accrochent les plus lourds d’entre eux au turban à l’aide de cordonnets s’efface progressivement.
Dès l’indépendance, de nombreuses femmes optent pour les parures en or.
Celles-ci reproduisent le plus souvent le style décoratif des bijoux de la région, pourtant, l’acculturation du costume féminin semble plus prononcée qu’en Kabylie. Les bijoux de tête de résument à une simple série de sequins ou au diadème à charnière, lejbin, lui aussi importé de Constantine. Les jeunes femmes se passionnent pour la ferronnière en or algéroise ou khit errouh.
D’autre part, depuis que les mantes épinglées à la base du cou se sont transformées en élégantes étoles de soie blanche qui enveloppent les épaules et les bras, la fibule est acculée à remplir un rôle purement décoratif. Enfin, la robe de fête actuelle imite la djoubba constantinoise : elle s’agrémente autour de l’encolure de broderies dorées qui répètent des motifs circulaires exécutés à la machine. Cependant, à l’occasion des manifestations folkloriques, c’est bien l’ancien péplum drapé noir, gansé de rubans colorés, que les danseuses auréssiennes déploient avec fierté.
Modes, vêtements et parures de Kabylie
En Algérie, les femmes berbères portent la tenue pour les mariages et les évènements dans les régions de Tizi-Ouzou, Béjaïa et Bouira. Les robes algériennes sont le plus souvent de couleurs vives. Chaque village et/ou région a sa spécialité (couleurs, broderies…). Souvent les robes portent un nom qui est lié à leur origine géographique : la robe iwadhien, par rapport à la région des Ouadhias, i3azzouguen, par rapport à Azazga.
La Kachabiya
La Kachabiya, en berbère haqechabit est une tunique traditionnelle d’origine berbère , très répandue en Algérie dont elle est originaire. Elle s’est ensuite répandue dans les pays frontaliers notamment la Tunisie et le Maroc et dans l’ouest de l’Algérie où elle prend le nom de djellaba.
Elle occupe également une place importante dans la mémoire collective algérienne, car elle représente avec le Burnous, le vêtement que portaient les maquisards durant la guerre d’indépendance nationale.
D’après Georges Séraphin Colin, le terme kachabiya (ou kachabia) employé en Algérie centrale et orientale, serait la déformation du mot latin gausapa, terme qui se serait conservé sous la forme gosaba dans l’Adrar (région située au cœur géographique et historique de la Maurétanie), où il désigne la chemise.
Les robes kabyles
La robe kabyle (tagendurt) est un costume traditionnel algérien, vêtement typique et très populaire en kabylie.
Elle se caractérise par des couleurs vives et des lignes simples. Longtemps confinée aux campagnes, portée surtout par des femmes d’un certain âge, jalouses des traditions, ou aux occasions festives à « coloration folklorique ». Elle revient puissamment sur le devant de la scène, après les évènements qui ont secoué l’Algérie ces dernières années et l’émergence de l’identité berbère comme réclamation ultime, avec reconnaissance de la langue tamazight comme langue nationale à côté de l’arabe et la réhabilitation historique du « fait berbère » dans tous les domaines, y compris celui qui concerne le domaine vestimentaire…
La robe kabyle a une histoire !
Jusqu’au début du XXème siècle, le péplum retenu par deux fibules appelé akhellal constitue la pièce principale du costume kabyle. Il est souvent confectionné à partir de laine non teintée. Cependant, il existe des modèles plus sophistiqués, pazrcourus de stries verticales polychromes. Le timelhaft est l’autre vêtement ancien connu. Cette pièce d’ét(offe rectangulaire en fine cotonnade blanche ou gaze serrée, est retenue également aux épaules par de grandes fibules (tikhlatin).
Toutefois, l’ancienne tagendourth, première tunique en laine cousue sur les côtés qui s’enfile sous le péplum à fibules, s’introduit dans la région et révèle l’influence citadine de l’ancienne gandoura ( tenue traditionnelle qui se porte dans tout le Maghreb et en Orient, caractérisée par une longue et large tunique sans manches et sans capuchon). Au début du XX ème siècle, les tissus manufacturés poussent les villageoises à renoncer progressivement au tissage de l’ akhellal. La tagendourth devient alors l’élément principal du costume féminin.
Puis, la robe kabyle s’agrémente d’une quantité importante de passements aux couleurs vives qui dessinent des motifs compliqués en guise de véritables broderies.
Vêtements et mode berbères du désert
Vêtements et mode mozabites
La ville de Ghardaïa ainsi que celles qui l’entourent constituant la Pentapole du M’zab révèle un véritable patrimoine vestimentaire diversifié, en dépit du rigorisme ibadite. L’Ibadisme, schisme de l’Islam comme nous l’avons évoqué plus haut est une tendance fondée moins de cinquante ans après la mort du prophète et déclarée hérétique, puis chassée par les autres courants musulmans. Selon les ibadites, le Commandeurs des Croyants ne doit pas nécessairement être de la lignée du prophète, ni d’une certaine ethnie ou couleur. On retiendra surtout, pour notre sujet, le côté réputé extrêmement rigoriste de l’ibadisme et donc ses répercussions sur la vie sociale et forcément sur les règles vestimentaires qu’ils faut adopter et respecter en toutes circonstance ainsi que les formes que doivent avoir ces habits
Le costume mozabite se distingue surtout par sa nature métissée, à la fois citadine et rurale. Les femmes portent des vêtements en coton brillant, généralement tissées de rayures serpentines, et un foulard en soie couvre la tête. Le vêtement le plus ancien est la melhafa (timelhafa), similaire au l’hâf auréssien et à l’akhllal kabyle. L’hiver, le timelhafa était en lainage et l’été en cotonnade. Aujourd’hui, cet habit est rarement porté.
La coutume mozabite est cependant intransigeante sur la couleur du voile. Le khemri, doit être noir. C’est un châle rectangulaire de laine qui couvrait la tête et les épaules, agrémenté d’une ou plusieurs bandes de broderies. Il y a deux sortes de khemri : l’un mkhabbel (embrouillé), et l’autre en-nacriya, qui possède une bande de décoration supplémentaire.
Autres vêtements traditionnels du Sahara
- Les Ouled Naïl
La diversité des costumes féminins du sud étonne au regard de la précarité des conditions de vie qui dominent dans les régions désertiques. A la lisière du versant sud-ouest du massif de l’Aurès, les tribus sédentaires et nomades qui peuplent les Hauts Plateaux et l’Atlas saharien perpétuent des traditions vestimentaires aux origines antiques. Parmi les costumes les plus représentatifs, il y a ceux des monts des Ouled Naïl et du Djebel Amour adoptés par les villes de Biskra et de Bousaada dès le XIX ème siècle.
- Les Touaregs
Les femmes de l’Atlas saharien choisissent leurs bijoux avec autant de minutie que les textiles attribués à chaque pièce de costume. Pour obtenir un ensemble vestimentaire harmonieux, , la couleur du pan d’étoffe posé sur les épaules en guise de mante doit trancher avec la teinte claire du voile, mais elle doit en même temps se différencier du tissu du péplum et de celui des manches rapportées de la chemise.
Contrairement aux costumes des abords septentrionaux du Sahara, le costume Targui ne semble pas avoir assimilé le principe du péplum de type dorien. Ceci expliquerait pourquoi la fibule, tellement chère aux Algériennes des autres provinces, reste absente de la parure, pourtant complète et variée de la femme Targuia.
Ces longues tuniques en voile, évasées vers le bas, sont en effet cousues sur les côtés. L’ensemble du costume garde cependant l’allure d’un majestueux drapé grâce au voile enveloppant, porté ouvert ou rabattu sur une épaule. Un pendentif en argent, appelé asarou n’seoul à cause de sa forme de clé, aide à le stabiliser. Ce bijou qui distingue les femmes de la noblesse est rehaussé de hachures et de dessins géométriques incisés. La jeune fille targuia accède simultanément au port du voile, akerhei et des bijoux chargés
Un pendentif en argent, appelé asarou n’seoul à cause de sa forme de clé, aide à le stabiliser. Ce bijou qui distingue les femmes de la noblesse est rehaussé de hachures et de dessins géométriques incisés.