1-Apprendre la graphie et l’écriture arabes aux enfants

Oct 3, 2023 | Actualités

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Avant de rentrer dans le vif du sujet,  il faut absolument conserver en tête constamment la distinction graphie/écriture. Cette distinction n’est pas toujours faite même en milieux scolaires par les pédagogues et les enseignants.Au stade de la graphie, les choses sont relativement simples. Il s’agit de dessin! Écrire un mot est une opération plus complexe, car rentre en jeu un facteur particulier: l’orthographe. Car l’orthographe, dans la majeure partie des langues ne permet pas d’écrire les mots sur la simple base de leur phonétique!

L’écriture arabe, généralités

Ce que l’on entend le plus couramment, c’est: « l’écriture arabe est trop compliquée ». La langue arabe dans sa totalité ( orale et écrite) est considérée comme difficile. Cela vient principalement de deux faits:

  • 1- l’écriture arabe utilise une autre graphie que l’écriture latine adoptée par la majorité des langues européennes. C’est là une réaction normale : tout ce qui est nouveau, fait un peu peur,paraît complexe. Mais déjà que l’on se rassure : le français utilise 26 lettres, l’alphabet arabe n’en comprend que deux de plus: 28 lettres.
  • 2- la langue arabe comprend des sons (phonèmes) qui n’existent pas en Français par exemple… Là Encore, que l’on se rassure. Ces phonèmes que l’on pourrait considérer comme spécifiques à l’arabe, il n’y en a que 8. Les techniques de correction phonétique modernes permettent de les acquérir correctement et de façon assez rapide. Ces sons ou phonèmes correspondent évidemment à des lettres (graphèmes) précises.
  • 3- l’écriture arabe, comme pratiquement toutes les écritures dites sémitiques va de droite à gauche. Ce qui constitue en somme une double difficulté : apprentissage d’une graphie nouvelle et changement du sens de l’écriture ! Il faut rediscipliner la main afin que les mouvements aillent de plus en plus spontanément de la droite vers la gauche ; aussi bien pour le tracé des lettres que pour l’écriture d’un mot, puis d’un autre jusqu’à réaliser une phrase qui aille dans le sens des écritures sémitiques. Là encore, cela peut provoquer des réticences, voir du découragement avant de tenter l’aventure. Mais avant de rentrer dans les détails, il nous faut faire un petit détour par l’histoire de l’évolution de l’écriture arabe, afin de mieux comprendre sa forme actuelle.

 

Développement et évolution de  l’écriture arabe

Avant la révélation, l’écriture arabe était rudimentaire. Et les matériaux tout aussi rudimentaires (peaux séchées et omoplates de chameaux, pierres plates..). Le papier n’existait pas encore, il arrivera plus tard d’Asie. En plus, l’écriture arabe, dès son origine est une écriture consonantique. Cela veut dire que l’on écrit que les consonnes et pas les voyelles !!! Lesquelles, de ce fait étaient inexistantes.

ecriture arabe et alphabet

C’est  sous le règne du 3ème calife Uthman, qu’une véritable réforme de l’écriture arabe a commencé. D’abord beaucoup de lettres, se ressemblaient ou plutôt étaient identiques pour exprimer des sons très différents ! On rajouta alors des points diacritiques (tantôt au -dessus de la lettre, tantôt au-dessous.)

Il faut savoir que l’arabe, comme l’anglais comprend des voyelles longues auxquelles correspondent des voyelles courtes. Il n’y en a que trois: à, i, u (prononcer ou,). Les longues correspondent à des lettres et sont donc intégrées dans le corps du mot. Pour parfaire la lecture du texte sacré on rajouta encore plus tardivement les voyelles brèves. De manière diacritiques. C’est a dire que ces voyelles courtes ne sont pas des lettres mais des signes qui vont être installés au-dessus ou au-dessous de la consonne.

Conclusion, on se retrouve avec un système graphique à trois étages !!! À la base, le corps de la lettre. Puis au-dessus ou au-dessous un, deux ou trois points. Au-dessus des points ou au- dessous, enfin, les voyelles courtes en forme de signes…

Ecriture et orthographe

La langue arabe possède – comme le français – deux mots pour distinguer l’une de l’autre. Nous avons le mot Khatt (prononcer kh comme la jota espagnole ou le kh de Khaled) qui correspond à « graphie, » et le mot Kitaba qui désigne l’écriture…

Mais quelle est la différence, nous dira-t-on et pourquoi est-ce si important de distinguer ces deux activités ?

Le phénomène des déclinaisons

L’arabe, langue ancienne est une langue à déclinaisons. Tout comme le latin et d’autres langues. Les déclinaisons consistent en arabe à vocaliser les fins de mots selon les trois cas de grammaire existant. Et selon les 3 voyelles existantes. Cela change selon la place du mot dans la phrase et le rôle qu’il y joue : verbe, sujet ou complément.

Par exemple le mot Kitab, (livre). On peut le lire, selon le cas de grammaire, c’est-à-dire selon

son rôle dans la phrase : kitaboun/kitabou, ou bien kitaban/ kitaba, ou alors, kitabin/kitabi.

Depuis au moins la Nahda (Renaissance Arabe), les déclinaisons ne sont plus réalisées à l’oral, ce qui rend l’arabe moderne plus aisé en matière de communication dans les médias par exemple. De même qu’à l’écrit , dans la presse ou la production littéraire, si les déclinaisons visibles à l’écrit sont respectées, on ne met plus les voyelles courtes (diacritiques), ce qui allège considérablement le travail de saisie et rend les pages des journaux ou des livres plus « légers », moins encombrés…

Les premiers conseils dans l’apprentissage de l’écriture arabe aux enfants

Pour faire bref , disons que :

  1.  il faut apprendre et utiliser les voyelles diacritiques très tôt et cela, les livres d’apprentissage de l’écriture le font plus ou moins bien.
  2.  il n’est pas nécessaire d’obliger l’enfant à les utiliser à la fin des mots car il s’agit là de grammaire. Écrire donc Kitab simplement et non Kitaboun
  3.  Il faut apprendre à l’enfant à se passer progressivement à se passer de ces signes diacritiques encombrants, il faut le dire. Une fois qu’il a appris à écrire Kitab et à le prononcer correctement, il n’a plus besoin de mettre la voyelle I (une petite barre penchée) sous le k, le A  qu’on entend au milieu est une voyelle longue, donc une lettre écrite obligatoirement et le B final se passera de voyelle (pas de déclinaison,