Caftan, djellaba, babouches… Ces vêtements musulmans marocains sont particulièrement représentatifs de la diversité culturelle et artistique du pays. Depuis l’apparition du tissage, 15OO ans avant J.C., tous les procédés de fabrication des vêtements typiques se sont développés. Les vêtements marocains diffèrent totalement en fonction des régions, de l’appartenance ethnique et des catégories socioprofessionnelles. Les vêtements des habitants de la ville n’ont rien à voir par exemple avec ceux des ruraux. Reste que partout, les hommes portent traditionnellement des djellabas. Cette dernière est toujours dotée d’un capuchon, de manches très larges, et est taillée dans de la laine ou du coton.
Les différents vêtements musulmans marocains
La djellaba
La djellaba, souvent rayée dotée de son capuchon, avec des manches très larges et taillée dans de la laine ou du coton… et les babouches. Les foules assemblées à Djamaa al-Fna en portent presque toutes. Djamaa al-Fna est une sorte de grande messe où l’on trouve de tout. Véritable place des fêtes, la djellaba est sur le charmeur de serpents, le vendeur de thé ambulant, les orchestres et les danseurs qui rivalisent pour attirer le chaland, les marchands de tissus et de souvenirs pour touristes…
Et le caftan, pour les dames. Ces deux vêtements sont représentatifs de la diversité culturelle et artistique du pays. Mais ils ne représentent qu’une infime partie du patrimoine vestimentaire marocain.
Dès le 20ème siècle, la djellaba rejoint la garde-robe féminine. A cette époque, en effet, les femmes portaient le Haïk, comme en Algérie et en Tunisie, long morceau de tissu, généralement blanc, dont elles se recouvraient le visage et le corps pour sortir. Le Haïk a donc été abandonné au profit de la djellaba qui est devenue un vêtement d’extérieur.Des djellabas coupes très larges et très strictes adaptées aux hommes se sont substituées des djellabas marocaines pour femmes beaucoup plus proche du corps, plus colorées et inspirées des tendances de la mode contemporaine.
Les vêtements au Maroc diffèrent totalement en fonction des régions , de l’appartenance ethnique (Berbères, Arabes, Gnawas originaires de Guinée, etc…) ainsi que des catégories socioprofessionnelles. Les habits des citadins diffèrent considérablement de ceux des ruraux. Mais la djellaba est partout portée par les hommes.
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Le Caftan
Le Caftan compte parmi les vêtements traditionnels qui remontent à l’époque des Ottomans. C’est une robe longue pour les femmes qu’elles portent pour les grandes occasions. Très élégant et raffiné, le Caftan est par excellence un habit de fêtes. Taillés dans des matières nobles comme le velours, la soie, et le brocard, il est serti de fils d’or ou d’argent et décoré de broderies somptueuses. Le Caftan est également porté à la maison, même dans les jours ordinaires, en cas de visite, par exemple ou simplement pour faire plaisir au mari…
Le Caftan est rentré dans le monde très sélectif de la mode ces dernières années. En effet , des défilés spécialement dédiés aux caftans (selon les modèles et les innovations des stylistes) , jusqu’en Europe.
Au mois de mai, en principe, se tient à Marrakech la Caftan Mode, défilé qui se tient habituellement au Palais des Congrès de Marrakech. Des souks aux boutiques de vêtements de la ville nouvelle, « la chasse au Caftan » est un must du shopping à Marrakech.
Le burnous
Le burnous prend une place particulière dans l’habillement de tout Maghreb. Au Maroc, noir ou blanc , il est porté sur la djellaba et le sarouel, ce large pantalon bouffant. Lors de certaines cérémonies, il arrive également que les hommes se coiffent d’un chapeau, le fez ou d’un turban de couleur blanche dans les zones rurales.
La babouche
Les fameuses babouches sont des incontournables, elles accompagnent tous les vêtements. Il faut dire que dans ce pays, le travail du cuir est une tradition séculaire. D’ailleurs, le mot « maroquin » a été donné au cuir de chèvre et de mouton du Maroc, et ce, dès le XIV ème siècle. Bien entendu, aujourd’hui, la babouche a été remplacée chez les jeunes par des chaussures plus modernes, mais elle reste très appréciée par les Marocains qui la portent à la maison, mais également mais également pour sortir, voire même à l’occasion de cérémonies…
Il existe deux types de babouches, celles à bout carré, d’origine berbère et les babouches citadines, plus fines, à bout anguleux et d’aspect plus raffiné. Généralement les babouches destinées aux hommes sont de couleur jaune et sans décoration. Celles destinées aux femmes se déclinent aujourd’hui dans toutes les couleurs et sont parfois réhaussées de fil d’or ou d’argent.
La gandoura
La gandoura est une tunique longue à col d’officier, souvent blanche, crème ou légèrement grisée portée par les hommes.
Pareil pour la gandoura : on la retrouve aussi bien en Algérie qu’en Tunisie. Robe longue , à manches longues ou courtes faite en général de coton ou de satin,, brodée en skalli (broderie typique du Maroc ; vu le nom arabisé, il se pourrait quelle provienne de Sicile, Skallia, en Arabe). La gandoura marocaine est portée comme tenue décontractée de tous les jours ou pour aller à la mosquée.
Les gandouras les plus élaborées sont portées lors des mariages, généralement blanches ou vertes pour le marié.
Le Jabador
Le Jabador est un ensemble tunique et pantalon qui existe en modèle homme et en modèle femme.
Le Jabador pour hommes est une tenue traditionnelle marocaine, mais que l’on retrouve aussi en Algérie et en Tunisie . La tunique et le pantalon doivent être de la même couleur un peu à l’image du costume moderne occidental. Il est généralement fait de coton ou de lin et offre un grand confort, que le porteur soit assis ou en marche.
Il y a plusieurs types de Jabador, allant du plus simple porté principalement pendant la fête de l’Aïd ou pour aller à la mosquée, au plus élaboré, porté uniquement par le marié et cela est valable pour tout le Maghreb. Les tuniques, cependant peuvent être portées seule, avec tout type de vêtement (y compris des pantalons européens), pour toutes les occasions et les soirées orientales.
Autres vêtements traditionnels marocains
D’autres vêtements existent mais sont moins connus. La « takchita » par exemple qui est une robe dérivée du Caftan, mais qui est plus ancienne ; le « karakou » (qui existe aussi en Algérie), une veste et un pantalon en velours ; la « Keswa el Kebira », une tenue composée d’un plastron (Ktef), un corselet (Ghonbaï), de jupons (Sayates), une jupe en velours brodée or (Jeltita), une ceinture (Hzam), un foulard (Sebnia) et portée par les femmes de Tétouan et Tanger.
Vêtements et modernité marocaine
Ce sont les magazines de mode nde mode marocaine pour illustrer leurs créations.
En créant des évènements annuels relatifs à la mode, ils ont par exemple incité des créateurs à « moderniser » le Caftan, considéré alors comme le fleuron de la tradition marocaine.
Toutefois, cette notion de modernité a évolué au fil du temps. Dans les années 60, elle signifiait surtout une « libération » de la femme marocaine par l’introduction d’une esthétique et de matériaux de mode européens, et notamment par la réduction de l’ampleur des vêtements ainsi que du nombre des couches superposées presque systématique dans l’habit traditionnel et des décorations souvent en surcharge.
Au début des années 2000, la modernisation a pris pour sens la réinvention et une réintroduction d’une authenticité marocaine tout en s’inspirant de la création européenne, c’est-à-dire en incorporant des coupes ajustées, des décolletés profonds, des pantalons, des jupes et des corsets.
Aujourd’hui, la mode marocaine est arrivée à une bonne synthèse entre le traditionnel et le moderne. Synthèse difficile à réaliser, puisqu’en principe, le traditionnel s’oppose au moderne. Or, les notions de tradition et de modernité, de continuité et de changement, de marocain et d’européen ne sont ni statiques, ni mutuellement exclusives, mais peuvent être constamment réinventées, redéfinies et renégociées pour apporter chaque fois du nouveau, sans gommer totalement l’ancien.
Le rôle de la presse
Les tous premiers magazines de mo un magazine en langue française. Identité, modernité et proximité étaient les trois mots-clés de sa ligne éditoriale ; son objectif principal était de stimuler la femme marocaine dans une société marocaine moderne, où le développement et l’ouverture vers l’extérieur devaient jouer un rôle déterminant.
Pour stimuler ce processus de modernisation,, Femmes du Maroc a initié en 12996 un évènement annuel consacré à la mode appelé Caftan. L’objectif était de sortir le caftan de son contexte traditionnel et de le présenter sous un angle nouveau.
Au fil des années, Caftan est devenu l’évènement phare de la mode au Maroc et a largement contribué au succès culturel et commercial de la mode marocaine. Evidemment, devant un tel succès, d’autres magazines ont suivi. Des revues francophones telles que Citadine, Ousra, Parade, Tendance et Shopping, mais aussi un nombre significatif de magazine en langue arabe. Femmes du Maroc, ne voulant pas être en reste, lance sa version arabophone Nissaa min al-Maghrib, avec le même contenu que son homologue francophone.
Cependant, devant la prolifération de ces magazines, des critiques ont commencé à se multiplier. Ces magazines et leurs évènements ont été accusés de monopoliser la scène de la mode, forçant les créateurs à se limiter à des vêtements comme la djellaba et le caftan. C’est ainsi que fut lance Festimode Casablanca Week (FCFW) en 2006, la première plateforme indépendante avec pour objectif de fournir aux créateurs une liberté artistique afin de créer, formuler, et exprimer leurs idées personnelles.
En même temps, une nouvelle vague de revues lifestyle marocaine a vu le jour, cherchant à se distinguer des conventions élitistes de la presse de mode marocaine établie. Des magazines comme Au Maroc, (2000), Wassakh (2011) , Marrakech Mag (2010) remettent en question, critiquent, définissent et conceptualisent activement leur vision de la modernité marocaine et repensent l’identité marocaine par rapport à la globalisation culturelle, la diversité culturelle et religieuse du pays sans oublier sa culture populaire issue de la rue, notamment chez les jeunes.
Les grands créateurs de la mode musulmane Maroc
Trois générations de créateurs ont joué un rôle pionnier et prépondérant dans la modernisation de la mode marocaine. La première génération voit le jour dans les années 60 est constituée de femmes de l’élite qui, d’une part, ont connu la décadence de la mode fessi, ( de la ville de Fez) et d’autre part étaient les premières à être initiées à la mode européenne de par leurs voyages en Europe.
Zina Guessous, par exemple a été l’une des premières à voyager en Europe, séjourné surtout à Paris où elle s’est familiarisée avec la mode française, pour ensuite appliquer ce qu’elle y avait appris sur les vêtements marocains.
Les représentantes de cette génération n’ont pas été formés formellement en matière de création, elles ont appris à coudre et à broder, ce qui est très important dans la vie d’une jeune fille. L’évolution rapide du pays et celle du style de vie des femmes a fait que ces dames ne considéraient plus leur héritage vestimentaire comme adéquat. Elles ont cherché à libérer la femme en concevant des vêtements confortables et élégants, appropriés à un style de vie actif.
Elles ont modernisé la mode marocaine en introduisant une esthétique moderne et cosmopolite par le biais de tissus de haute couture européenne. Cependant, l’indépendance du pays était encore proche et par exemple, Naïma Bennis qui avait appris la couture avec les sœurs de l’Ecole des Jeunes Filles à Casablanca, a modernisé le caftan et la djellaba en redéfinissant leur forme et leurs ornements.
Le sentiment nationaliste était encore vivace et ces créatrice tenaient à souligner le caractère local, national de leurs créations. Elles ont donc commencer par introduire des techniques ornementales traditionnelles comme la broderie (tarz) et la dentelle à aiguille (renda), qui n’était jusque là utilisée que sur le linge de maison et les vêtements d’homme.
Zhor Sebti, par exemple qui avait -dans un esprit nationaliste- crée une école pour jeunes filles à Casablanca pour les former par exemple à la broderie, s’est associée à une Française, Janine Halary, qui avait étudié à la Chambre Syndicale de la Haute Couture à Paris et qui avait été envoyée à Casablanca par Christian Dior pour travailler à la Maison Joste. Les talents des deux femmes conjugués et complémentaires ont permis de faire jaillir le meilleur des deux cultures.
Tamy Tazi a été fortement influencée d’une part par ses activités pour la Maison Joste, laquelle avait l’exclusivité de Christian Dior et d’Yves Saint Laurent au Maroc, et d’autre part sa passion pour la broderie marocaine. Elle a réinventé/modernisé des techniques ornementales marocaines et les a appliquées avec un grand succès.
Dans les années 90, une seconde génération de créateurs est apparue. Ces créateurs ne faisaient pas partie de l’élite, mais la majorité été diplômés d’écoles de mode marocaines. Formés aussi, indirectement par les magazines de modes marocains et leurs évènements largement diffusés par les médias. Le fait qu’ils apparaissent dans des médias prestigieux, qu’ils passent à la télé nationale, en a fait des stars et cela leur a permis de toucher un public beaucoup plus large.
Issu d’une famille juive, Albert Oiknine, par exemple, dont la mère était couturière, a fait ses études dans une filiale marocaine de Esmod ainsi qu’au collège (canadien) Lasalle à Casablanca.
Bien que qualifié en créations de modes occidentales, il fait le constat de l’impact des magazines de modes marocains et de leurs évènements médiatisés, et décide de créer sa première collection marocaine en 2000. Mais il ne voulait pas dépendre des artisans marocains pour l’exécution de la production et des techniques ornementales. Profitant de ses connaissances en créations de modes européennes, il a incorporé fortement des coupes européennes, telles les coupes ajustées, les décolletés profonds, les pantalons, les jupes et les corsets.
Puis, au tournant du XXIème siècle, une troisième génération de créateurs marocains a commencé à s’imposer. Son travail se distingue clairement de celui des générations précédentes. Ces artistes étaient de plus en plus confrontés aux effets de la mondialisation culturelle, de la commercialisation libéralisée, mais également aux transformations de la société marocaine, avec le développement de l’urbanisation, l’extrémisme religieux grandissant, la ségrégation sociale ascendante, ainsi que l’émergence des mouvements de jeunes qui revendiquent plus de libertés individuelles sur les plans culturels, religieux et politiques.
Ils réinventent l’artisanat marocain avec des touches personnelles en introduisant de nouveaux usages pour des matières et des formes existantes. Ils utilisent par exemple des techniques traditionnelles comme le tarz, le bzioui, le sabra, les agaad, le hénné, le feutre, etc… Autant de produits et de techniques qui sont soit étrangers à la haute couture féminine marocaine, soit utilisés de façon novatrice et créatrice, suscitant ainsi les critiques et pratiquement rejetés comme non marocains !
Celui qui peut être considéré comme le pionnier de cette génération, Nourredine Amir, s’est distingué dès le départ des autres participants de Caftan en utilisant des couleurs naturelles et des tissus marocains atypiques pour la haute couture féminine. Sa collection 2006, par exemple était tout en noir, à l’exception d’une robe blanche, à la fin en signe d’espoir. Cela contrastait fortement avec les couleurs vives des autres collections.
Il avait fait ce choix pour exprimer sa vision de la montée de l’extrémisme religieux, de la souffrance des femmes musulmanes et les incertitudes du futur pour le Maroc en tant que pays musulman tolérant.