Les vêtements traditionnels de la Tunisie

Juil 11, 2022 | Tunisie, vêtements musulmans

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Après avoir traité de la mode en Algérie, nous voilà en Tunisie pour décrire les vêtements traditionnels de la Tunisie. Pays touristique de longue date où de nombreux Français ont séjourné au moins une fois dans leur vie et n’ont donc certainement pas échappé à un certain folklore traditionnel surtout en saison estivale. Chaque pays à son folklore (au sens noble du terme) et n’hésite pas à le montrer aux étrangers, surtout lors des grandes occasions.

Donc nombre de visiteurs ou non connaissent ces fameuses danses où de jeunes et jolies danseuses ondulent avec des jarres superposées sur la tête, dans un équilibre fragile, danseuses habillées de costumes bigarrés aux formes différentes selon la région d’où elles viennent.

Habillement traditionnel en Tunisie : Un patrimoine vestimentaire millénaire

Mais ces apparats de circonstances ne sont que la partie visible de l’iceberg : ils ne montrent qu’une infinie partie de la richesse du patrimoine vestimentaire tunisien. Patrimoine auquel ont recours les stylistes, couturiers et grands habilleurs tunisiens pour créer des modèles modernes sans cesse renouvelés, enrichis et adaptés selon l’évolution du goût du public et les tendances du moment.

Nous allons donc parcourir ensemble ce patrimoine tunisien traditionnel qui s’est enrichi au fil des siècles, la Tunisie ayant été le carrefour de plusieurs civilisations qui ont occupé ce territoire ou s’y sont affrontés, depuis la période préhistorique du Capsien et la civilisation antique des Puniques, avant que le territoire ne passe sous la domination des Romains, puis des Byzantins, puis enfin au VIIème siècle, l’arrivée de l’Islam avec les populations autochtones berbères qui organisent une ferme résistance  et au final, s’islamisent et s’arabisent peu à peu…

Comme nous le disions plus haut , par son emplacement stratégique au cœur du bassin méditerranéen, la Tunisie devient vite l’enjeu de convoitises et de rivalités des puissances : successives : l’Espagne de Charles Quint, l’empire Ottoman en progression, puis la France qui évince le ottomans et prend le contrôle du territoire en devançant sa rivale italienne.

Qui dit habillement et mode musulmane, soulève forcément la fameuse question du voile qui fait couler beaucoup d’encre, notamment en France. Nous n’allons pas nous y attarder, mais on doit en dire quelques mots quand même concernant la Tunisie,  vu son passé spécifique, la constitution et les pratiques héritées de l’ère Bourguiba et les évènements qui l’ont profondément secouées ces dernières années.

Le port du voile est-il vraiment interdit en Tunisie ?

Le port du voile - habillement musulman tunisie

Le hijab  est le foulard islamique le plus commun des pays arabophones et musulmans. (niqab,burqa,voile ) . A ne pas confondre avec le niqâb, qui est à l’instar de la burqa, un voile intégral, interdit en France.Pour comprendre quelle est la situation du voile en Tunisie, il nous faut un rapide retour en arrière.

L’administration tunisienne a bien interdit le foulard islamique, il y a de cela 30 ans.   Sous Ben Ali, cette interdiction a été inégalement appliquée sous Ben Ali. D’abord dans les établissements scolaires publiques : en 1981 pour les écoles primaires puis dans les établissements secondaires en 1987, et enfin, la même année, dans les établissements de l’enseignement supérieur, les cités et les foyers universitaires. Cette interdiction est étendue en 1991aux écoles privées. Enfin, une une circulaire datant de 1987 s’adresse aux agents de l’administration et des établissements publics des deux sexes. Avec parfois des situations cocasses : on interdit le voile aux femmes qui sont aux guichets , mais celles qui sont dans les bureaux pouvaient l’enlever !

La révolution de 2011 marquer cependant le retour de l’Islam dans la vie publique et politique. Avec donc un changement notable dans l’environnement : plus de hijab dans les rues, mais aussi dans les administrations.

Quant au niqâb, la question se pose différemment. Au moment où la Tunisie a établi une nouvelle constitution en 2014, le gouvernement avait annoncé un « renforcement des contrôles pour les personnes portant le voile intégral », pour des raisons de sécurité.

En résumé, nous avions signalé plus haut que cet article concernait aussi bien la mode musulmane, appelons-là « profane », puisqu’elle respecte globalement certaines valeurs musulmanes largement partagées, tout en étant affectée à des occasions pas forcément religieuses et relevant plutôt de la tradition : mariages, circoncisions, Aïd, visites de courtoisie…

Nous allons donc commencer par vous présenter la panoplie des costumes de mariages, là où la demande et les exigences sont plus fortes .

Les différentes robes tunisiennes traditionnelles (Tunis et ses environs)

La Kessoua

la kessoua

La Kessoua tunisienne est la tenue de mariée la plus recherchée à Tunis, la plus prestigieuse . Il s’agit d’un ensemble de deux pièces avec un haut, le bustier, richement décoré de broderies ou d’incrustation de perles et de cristaux. On l’appelle aussi la « Blouza ». Le bas, appelé aussi « fouta » est une jupe ample, longue, faîte de la même matière que la blouza. La Kessoua, laisse voir le ventre, ce qui lui confère un aspect sensuel, sans être impudique.

La Outia

La Outia porte le nom d’une cérémonie spéciale. Durant la fête du Henné, la mariée doit porter quatre tenues différentes au cours de la soirée. La Outia peut porter plusieurs couleurs. Somptueuse, grâce à une savante association de matières, faite d’étoffe précieuse et de très riches broderies extrêmement raffinées.

La robe de Djerba

La robe de Djerba

Appelée également robe « Biskri », la robe djerbienne est une superposition de blouse et de drapé. Cette étoffe qu’on enroule autour du corps, par-dessus une blouse blanche richement décorée au niveau du buste, est somptueusement brodée avec des liserages à motifs géométriques. Seul le port du drapé change selon les régions.

La tabdila

La tabdila

Comme la keswa (ou kessoua), la tabdila est constituée d’un ensemble de deux pièces. La blouza pour le haut en forme de bustier et le bas, superposition d’étoffe et d’un pièce de vêtement ( sarouel ou jupe suffisamment ample).

Le Haïk

Le Haïk est une pièce d’étoffe rayée, blanche ou de couleur vive qui retombe sur le dos comme un petit manteau. Le Haïk est retenu par un foulard qui est noué autour de la tête et

dont les bouts retombent, flottants, par derrière.

La koufiya

C’est une coiffure assez étonnante. Il s’agit d’un petit cône pointu, noir ou brun, brodé d’or. Ce bonnet pointu est retenu autour de la tête par un ruban noir qui cache le cheveux, dont une petite bande seulement, apparaît sur l’un des côtés du front.

Avant, les femmes musulmanes, contrairement aux juives, avant de sortir, revêtaient par-dessus une large pièces d’étoffe blanche appelée Sefseri.

Le Sefseri

Le Sefseri

A sousse, un changement se produit concernant le sefseri qu’on vous a présenté comme fait d’une étoffe blanche notamment à Tunis. Là on passe au noir. Déjà, à Nabeul, les femmes parcvourent la ville drapées d’étoffe épaisse comme des couvertures brunes

 La Blouza

Souvent en soie, , il s’agit d’une blouse d’un rouge éclatant qui arrive jusqu’aux hanches, pas davantage. A partir de là et jusqu’aux chevilles, c’est un pantalon collant. Ce pantalon, assez impressionnant surtout pour les femmes occidentales, les tunisiennes le portaient aussi bien chez elles que dans la rue. Notamment les femmes de confession juive. C’est un grand objet de luxe : broderies d’or et d’argent ou broderies multicolores qui sont de véritables chefs-d’œuvre !

Les robes tunisiennes modernes

Les robes tunisiennes traditionnelles, portées lors des cérémonies de mariage, sont d’un grand luxe et d’un raffinement indéniables. Très souvent, elles symbolisent la richesse de la famille des mariés.

Aujourd’hui, tous les costumes traditionnels dont nous avons parlé, sont revisités par les stylistes qui s’en inspirent en y apportant une touche moderne aussi bien au niveau de la coupe que par l’utilisation de nouvelles matières aujourd’hui aussi abondantes que variées.

La robe tunisienne, vedette de la haute couture ?

La robe tunisienne a incontestablement séduit un grand nombre de stylistes de renom comme Azzeddine Alaya, (en France) qui n’hésitent pas à utiliser des étoffes haut de gamme pour confectionner des robes orientales inspirées de la keswa. Dans les défilés de la « fashion week », les keswa en dentelles de Calais ou en broderie fines ont la faveur du public.

Certes, la Fashion Week reste encore réservée à une élite tunisoise, mais le « made in Tunisia » fait un boom, bien au-delà des frontières du pays. Depuis ce que l’on a appelé la « révolution du jasmin », ce pari d’opter pour une production pour une création et une production locale, s’avère être un véritable filon économique, au vu du succès que les modèles présentés, pratiquement tous inspirés des tenues traditionnelles que nous avons évoquées.

A titre d’exemple, les deux fondateurs de la marque de prêt-à-porter Lyoum :

Lyoum

le couple franco-tunisien Sofia et Claire Ben Chaabane ont multiplié leur chiffre d’affaire par vingt en quatre ans, bien qu’ils aient lancé leur concept en pleine révolution de jasmin.

La mode progresse, malgré un environnement hostile

Malgré les pressions des conservateurs religieux, la Fashion Week de Tunis réuni, à chacune de ses éditions un public important, constitué certes d’une certaine élite et trié sur le volet, et cela, grâce à une campagne intense sur les réseaux sociaux. C’est l’anthèse du conservatisme et l’évènement permet de voir ou plutôt promouvoir une autre facette du pays

Blogueuses pionnières et audacieuses

Au début, c’était juste des blogueuses, qui par passion, proposaient quelques productions personnelles en tâtonnant un peu entre le traditionnel et le moderne. Ensuit, on assiste à une véritable professionnalisation des blogueuses, des magazines spécialisés commencent à les inviter ; dans diverses régions du sud du pays, des groupes d’artistes en tous genre, y compris des stylistes en modes vestimentaires s’associent au créateur. Il y a toute une jeunesse qui bouillonne, cherche innove, au-delà des côtes touristiques.

Il n’y avait pas une marque de prêt-à-porter proprement tunisienne, à part les grandes enseignes proposant quelques modèles devenus célèbres

L’idée commune à ces blogueuses pionnières était de faire des vêtements confortables avec une touche méditerranéenne, mais surtout d’exploiter tout ce que le pays offrait localement en terme de production textile.

L’innovation vient du fait que ces pionniers ont non seulement l’art de la synthèse entre l’ancien et le nouveau, mais aussi d’intégrer dans le paysage social des pièces de vêtement typiquement occidentales en leur ajoutant des « notes » culturelles souvent graphiques, en caractères latins ou arabes propres au patrimoine culturel tunisien. Et comme les tunisiens sont connus pour leur humour typique, alors , on hésite pas à jouer sur les « clins d’œil » . Sur des Tee-shirts on peut lire « Gainsbourg loved Mechouia » ou alors « Oum Kalthoum loved macarons » !

Claire Ben Chaabane ne cache pas que, en étant française, elle a une sensibilité quelque peu différente. Elle dit s’inspirer de tout et ayant un autre regard sur le pays, elle complète la vision de Sofiane ou attire son attention sur des aspects qu’il a tendance à ne plus remarquer tant il les voit depuis l’enfance. Elle dessine les collections dans un petit bureau de la Marsa en banlieue nord de Tunis. Toute la chaîne de production s’effectue en Tunisie dans six ateliers qui produisent en petite quantité, presque artisanale. Une démarche singulière dans un pays où le marché du textile et de l’habillement est tourné surtout vers l’exportation

Une ligne conductrice commune : « la touche tunisienne »

la touche tunisienne

Propriétaire de l’atelier Metaphoreline, Nizar Halouani a décidé de s’adresser aussi bien aux grandes enseignes tunisiennes qu’aux petits créateurs. En fait, toutes ces jeunes marques sont en progression question chiffre d’affaire, mais on sous-estime encore l’aspecte économique de ce phénomène. Le  côté « touche tunisienne », qui provoquait le scepticisme au début a fini par être repris par les grands magasins. « Ce n’est pas qu’une mode passagère » insiste Halouani en montrant les t-shirts d’une grande enseigne, qui a conçu une nouvelle collection avec des message en arabe dialectal tunisien (darija), ou des imprimés inspirés des faïences tunisiennes.

Pour Latifa Hizem, créatrice et patronne d’une marque de prêt-à-porter, cette tendance du « made in Tunisia » est une bonne chose qui a de l’avenir, mais la qualité doit primer sur le reste et le produit doit rester accessible à tous. Elle a choisi de confectionner des vêtements avec des artisans tunisiens pour remettre en valeur le patrimoine local et le savoir-faire à l’ancienne.

La « touche tunisienne », n’empêche donc nullement l’aspect globalement moderne de la pièce. Certaines tenues sont à manches courtes et même décolletées. Les filles voilées qui sont attirées, si une tunique leur plaît, elles mettent, elles mettent un legging dessous par exemple. C’est pareil pour les t-shirts : certains se portent bien serrés, mais on propose d’autres modèles beaucoup plus amples. Sur les mannequins exposés, les étoles vendues servent aussi de turban chic.

Attachement au patrimoine donc, volonté de moderniser le secteur, créer en offrant de la bonne qualité tout en restant accessible par rapport aux clients dont les revenus sont modestes : les jeunes créateurs tunisiens font face à de nombreux défis, auxquels s’ajoutent la concurrence du marché noir et de la contrebande.