Culture de la plage, natation et baignade de l’hijab au burkini

Août 6, 2024 | Burkini et sport, Mode modest, Mode musulmane

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Apprenez en plus sur la culture de la plage pour les peuples musulmans, l’évolution des vêtements de baignade « pudiques » et l’art de concilier la baignade « publique » et le respect des règles religieuses.

Le hammam ou L’importance de l’hygiène du corps

Pour effectuer la prière dans des conditions acceptables, il faut non seulement que tout le corps soit « purifié » (par l’eau), mais des ablutions codées sont obligatoires.

Pour se conformer à cette exigence, les musulmans, dès les premiers temps des « conquêtes » ont compris l’intérêt qu’ils pouvaient tirer des anciens bains hérités de la civilisation romaines en les réhabilitant, en les développant dans chaque cité, voire chaque quartier… Cela a donné le « hammam », bains publics, adoptés même par certains pays occidentaux, notamment sous l’influence des Ottomans Turcs. Il existe des hammams pour hommes et d’autres pour femmes. Comme il existe des hammams mixtes avec des journées réservées aux hommes et d’autres aux femmes. Il existe également des hammams avec parties réservées aux femmes et parties pour les hommes.

Un hammam se compose généralement de trois pièces, plus ou moins chaudes. La tradition, qui permet de se laver en profondeur, exige de rester un moment dans la pièce la plus chaude, afin d’ouvrir les pores de la peau, de transpirer et d’évacuer les toxines. Ensuite, on se lave dans la pièce à chaleur intermédiaire. Pour cela, il faut se savonner, soit au savon d’Alep, au Proche-Orient, soit au savon noir, au Maghreb, et se frotter la peau énergiquement avec un gant spécial appelé « kessa », qui permet d’éliminer les peaux mortes. On peut être soutenu dans ce gommage par un(e) employé(e) du hammam afin qu’il soit bien efficace. On obtient ainsi une peau douce, débarrassée de ses impuretés. ( source : https://harissa.com/news/article/histoire-et-structure-du-hammam)

 

histoire hammam

Turkish hammam

L’hygiène au quotidien s’imposent donc aux musulmans qu’ils soient hommes ou femmes, adultes ou enfants. Mas qu’en est-il des « bains de plaisir », ceux que l’on prend à la mer ou dans les rivières, les lacs, en dehors des lieux conventionnels comme les hammams ou chez soi ?

La « culture de plage »

A vrai dire, ce que l’on pourrait appeler »la culture de plage », c’est-à-dire tout ce rituel très occidental qui consiste à aller passer les vacances au bord de la mer, dans des plages aménagées à cet effet, n’existait pas dans les pays à culture arabo-musulmane. Il fut introduit peu à peu par la colonisation et les populations européennes furent pendant longtemps pratiquement les seules à fréquenter les nombreuses plages des pays « conquis », en les aménageant et en y construisant peu à peu des villages de vacances adaptés à leurs habitudes et leurs besoins en l’occurrence.

Seuls quelques autochtones aisés, citadins et « suivistes » essayaient d’imiter les colons dans leur mode de vie (y compris vestimentaire ) et à adopter la plage comme lieu de loisir avec les équipements nécessaires et , bien sûr la tenue vestimentaire qui va avec pour la baignade. Il faut rappeler qu’alors, les tenues de bains étaient moins sophistiquées, et pour ce qui concerne les femmes, plus « pudiques » consistant en un maillot fait d’une seule pièce couvrant le corps pratiquement de la poitrine jusqu’au haut des cuisses. Le plus souvent, elles portaient aussi des bonnets de bain. Cela pouvait convenir à quelques autochtones « intégrés » de permettre à leurs épouses et membres féminins de la famille de se baigner. En outre, elles ne pouvaient être vues que par des Européens et non par les gens du pays, puisque ceux-ci s’excluaient d’eux-mêmes de ces lieux…

Certaines plages, plutôt « sauvages » et donc non fréquentées par les colons pouvaient accueillir des populations musulmanes essentiellement des hommes, surtout des jeunes qui se baignaient librement (sans maître-nageur ,ni services de sauvetage), vêtus de leurs pantalons ou de caleçons longs, se permettant cependant de garder le torse nu.

Indépendances : les touristes et les autochtones « colonisent » les plages

Après le départ des colons, les pays devenus indépendants trouvent une source de revenus en développant le tourisme (surtout en direction de l’Europe et des ex puissances coloniales). Vendre ce que l’on a en abondance et généreusement accordé par la nature: le soleil, la mer, d’interminables plages de sable blonds… Notamment, le Maroc et la Tunisie ont largement développé le secteur touristique, exploitant toutes les ressources dont dispose le pays, y compris en jouant sur les aspects folkloriques et exotiques. L’Algérie n’était pas totalement restée inactive en matière de tourisme, mais c’est plutôt un tourisme « interne » qui s’est développé, permettant aux Algériens de découvrir enfin les multiples facettes de leur pays. Les infrastructures installées étant de loin moins importantes que chez les voisins qui ciblaient un public Européens voire international aisé en développant des stations balnéaires de luxe.

 

Peu à peu des famille entières ont commencé à prendre goût aux plaisirs de la mer durant les vacances, avec l’argument principal qui consiste à dire que c’est surtout pour faire plaisir aux enfants.

Ces familles commençaient peu à peu à s’équiper de manière à passer la journée au bord de la mer : repas pour pique-nique, boissons, tapis de plages, jouets pour enfants etc… Bref, un nouveau mode de loisirs et de consommation.

Les règles de la baignade

Lié à la nécessité religieuse de protéger le corps, d’éviter de l’exhiber en public, surtout pour les femmes.

La règle traditionnelle pour les hommes veut que la partie du corps qui doit être absolument dissimulée (ce que l’on appelle la awra ) aille du nombril aux genoux. Ils leur suffit donc d’aller dans l’eau avec un pantalon, ou un caleçon long. Cela se complique concernant les femmes. Toujours la tradition : tout le corps de la femme est considéré comme « ‘awra » des cheveux jusqu’aux pieds. Seulement, les juristes ne sont pas d’accord sur tout. Faut-il couvrir le visage ? Les mains ? Les pieds ?

mode qaba'il Nabira

Pour les femmes musulmanes, toujours la tradition : tout le corps de la femme est considéré comme « ‘awra » des cheveux jusqu’aux pieds. Seulement, les juristes ne sont pas d’accord sur tout. Faut-il couvrir le visage ? Les mains ? Les pieds ?Jusque-là, les femmes se permettaient d’aller dans l’eau mais seulement pour y tremper les pieds, jusqu’aux genoux. Habillées de leurs habits traditionnels. Elles n’étaient pas obligées de porter leurs voiles traditionnels (généralement un haïk en tissus blanc), réservés pour les sorties en ville .

Les femmes musulmanes réclament le droit de se baigner avec le voile

Le monde arabo-musulman a connu ces dernières décennies de nombreux soubresauts et changements. Peu à peu, les voiles, strictes, rigoureux, « étouffants » même pourrait-on dire se sont pratiquement généralisés dans l’ensemble du monde arabo-musulmans et même en Occidents dans les pays à forte populations immigrées de confession musulmane.

Ainsi entièrement couvertes ,un grand nombre de femmes ont commencé à réclamer le droit de se baigner tout en gardant leur voile. Leur « pudeur » est ainsi garantie, et elles peuvent profiter entièrement de la baignade en apprenant même à nager ! En étant protégées des regards, puisque portant le même habit que dans la rue…

Mais il est évident que le port du voile dit « intégral » dans la rue et en immersion totale dans l’eau de mer n’a pas le même effet. La baigneuse n’est pas vraiment en contact direct avec l’eau. L’habit, déjà très ample, imbibé, devient lourd et ralenti les mouvements. Enfin, le corps est privé du soleil marin bienfaiteur. S’il est indéniable qu’il vaut mieux bénéficier des bienfaits de l’eau de la mer en étant habillé, on ne peut pas dire que cette tenue favorise la natation ; le corps, engoncé dans un habillement inadapté à l’activité de natation, ne peut ni flotter correctement, ni permettre à la baigneuse de parcourir des distances raisonnable pour muscler certaines partie du corps…

Et pour finir, signalons qu’à la fin de la journée de baignade, il faut que la baigneuse voilée reste le temps nécessaire pour faire sécher son habit, ou bien en mettre un autre sec et pour se changer ainsi, il faut un endroit adéquat.

Natation, baignade sportive et bienfaits du voile : les avantages de la nage habillée

 En fait, existe des matières spéciales pour les voiles de baignade. Généralement en Lycra ou élasthane, ce tissu et très extensible. Le tissus de ces maillots sèche rapidement et ne retient pas le sable de la plage. C’est aussi un tissu respirant parfait pour la pratique du sport. Il ne glisse pas et ne risque donc pas de découvrir le corps.

la nage habillée, voile et burkini

La natation habillée est considérée par certains (même en Occident) comme une variante de la natation au sens d’activité sportive. Elle est également appelée nage habillée et peut se pratiquer en portant des vêtements habituels : robe, chemisier, jean… idéale aussi pour améliorer ses capacités sportives :

  • Les vêtements portés dans l’eau exercent une résistance qui contraint le nageur à recourir à plus de force pour parcourir la même distance. Pratiquer donc régulièrement de la natation avec vêtements contribuerait  à renforcer la musculature.
  • Nager tout habillé favoriserait également le phénomène d’endurance. L’eau créer naturellement une résistance ; les poches d’eau dans les vêtements et la gêne occasionnée au niveau des membres (bras et jambes) ralentissent la progression du nageur ou de la nageuse et l’obligent à oxygéner davantage ses muscles et donc à mieux respirer.

Lire aussi : le sport à la mode musulmane

Le Burkini pour réconcilier tout le monde ou presque….

Dans la mode musulmane,  le Burkini (ou Burqini) est en fait un maillot de bain pour femme. Le terme utilisé,  un substantif masculin composé  d’une partie du mot Burqa et du suffixe kini dérivé du mot bikini paru dans les années 1970. Contrairement à la Burqa, ce vêtement de bain ne couvre pas le visage et se rapproche plus du Djilbab, à tel point que le mot Djilbab de bain lui est parfois préféré.

Burkini ou Burqini sont deux marques déposées par Aheda Zanetti en 2006.

Ce vêtement de baignade pudique couvre le tronc ainsi qu’une grande partie des membres et de la tête. Ses inventeurs et ses partisans soutiennent qu’il permet aux femmes de se baigner conformément aux règles de la « pudeur islamique ». Ceux qui y sont opposés y voient plutôt un instrument idéologique qui refuse l’égalité aux femmes.

La mode burkini évolue sans cesse

Il existe une grande variété de modèles de Burkinis comportant au moins deux pièces : un pantalon et une tunique à manches courtes ou longues ; parfois une capuche ou un bonnet, pouvant couvrir le cou et le dessous du menton est intégré ou fixé à la tunique, ou bien encore séparé. Les pieds, les mains et le visage d’une personne qui porte un Burkini restent visibles.

Collection Burkinis sur Nabira

Pour fabriquer les Burkinis, on a recours à un tissu synthétique élastique, souvent un mélange d’ élasthanne avec une base de nylon ou de polyester, un tissu léger et facile à sécher, semblable à celui qui est employé pour la fabrication des combinaisons de plongée minces. Les combinaisons de plongée ou de surf sont habituellement fabriquées en  néoprène, pour obtenir une bonne isolation thermique du corps.

Le burkini concilie  la baignade publique et le respect des règles religieuses

Le Burkini tient compte non seulement des considérations religieuses, mais se présente aussi comme un habit fédérateur sur le plan social. Il a ouvert la voie à celles qui se trouvaient exclues des joies de la baignade en piscine ou à la mer. De plus, ce maillot de bain couvrant s’inscrit harmonieusement dans les tendances en cour concernant la « mode pudique ». Il représente un mouvement qui résiste à l’hypersexualisation du corps féminin dans la société.

mode burkini 2024 Nabira

Il constitue également un choix de maillots de bains féminins qui englobent généreusement une grande partie du corps, principalement conçus pour les femmes musulmanes. La création du Burkini s’inscrit dans cette perspective de respect de la sensibilité religieuse des pratiquantes.

La création du Burkini, qui couvre les bras, les jambes, la poitrine et les cheveux leur permet de se baigner en public tout en demeurant en conformité avec les exigence de leur foi. Il offre en outre la possibilité de dissimuler d’éventuelles imperfections physiques et de se libérer des complexes liés au regard des autres.