Vêtements de sport : comment s’habiller en tant que femme musulmane ?

Juin 19, 2023 | Actualités, Burkini et sport, vêtements musulmans

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C’est aujourd’hui devenu un lieu commun que de dire que le sport est un bienfait majeur pour prendre soin de soi et être en bonne santé. Toutefois, faire du sport pour les femmes musulmanes induit un problème de pudeur, le respect d’un habillement modest :  Comment concilier sa foi islamique tout en portant des vêtements adaptés à la pratique sportive ? ,

Car nous savons que dans ce cas, qu’un certain « allègement » du corps du point de vue vestimentaire est nécessaire. Pour la souplesse des mouvements, la rapidité des déplacements, les problèmes de transpiration, l’adaptation aux activités de natation etc…

Le sport est-il incompatible à la mode pudique ?

A priori, et selon une certaine lecture de l’Islam, le sport serait non pas interdit aux femmes, mais disons incompatible avec une certaine pudeur (obligatoire ?) et donc déconseillé, en raison notamment des tenues réglementaires en compétitions internationales, tenues qui ne correspondent pas aux règles de décence et qui consistent à ne pas dévoiler le corps féminin pratiquement dans son ensemble.

De ce fait, la participation des femmes musulmanes est restée historiquement inférieure à celle de nombreux autres groupes marginalisés, tels que les groupes autochtones et autres minorités radicales. Cela est particulièrement visible dans les pays socialement conservateurs tels que l’Arabie Saoudite, l’Iran, le Pakistan où seules quelques femmes participent aux jeux olympiques.

Ces dernières années, cependant, davantage de femmes musulmanes ont commencé à faire carrière dans le sport de haut niveau, en particulier dans les pays occidentaux.   Il y a eu un boom de la vente de vêtements de mode islamique « modeste » et du hijab comme accessoire de mode.

En 2018, le marché mondial des vêtements de mode modest était estimé à 283 milliards de dollars américains ; la Turquie, les Emirats Arabes Unis et l’Indonésie étant les clients les plus importants. Ce marché devrait atteindre 402 milliards de dollars d’ici 2024 !

Der nombreuses marques de sport ont introduit le hijab pour le sport afin d’exploiter le marché. Par exemple, Nike a introduit un « Pro Hijab » en 2017. Plusieurs autres sociétés, telles que Ahida, Liawear et Asiya Sport produisaient des hijab pour le sport avant Nike.

Quand Nike rentre dans la course

Comme nous l’avons déjà dit, les accessoires conçus pour des sportives musulmanes ne datent pas d’hier. En 2001, la designer hollandaise Cindy Van Den Bremen a fondé son entreprise Capster avec une collection de hijabs pensée pour les besoins d’une jeune fille expulsée de sa classe de gym parce que son voile était considéré comme non sécuritaire.

Puis, sur la planche à dessin d’Elham Seyed est né ResportON. Le hijab sportif a fait son chemin jusqu’à se retrouver griffé du Swoosh de Nike qui préparait son Pro Hijab.

Diffusée sur le canal You Tube de Nike Women, la campagne publicitaire « what will they say about you » déploie, dans un contexte d’adversité, les exploits sportifs d’athlètes féminines du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord qui courent, boxent, ou pratiquent l’escrime…

En guise de conclusion à ce spot destiné à lancer ce voile sportif en polyester extensible, on voit les prouesses sur la glace de la patineuse émiratie Zahra Lari, qui annonce les couleurs de son hijab, pour sa participation aux jeux olympiques à venir.

Pour Solange Lefebvre, théologienne et anthropologue à l’université de Montréal :

« Le hijab demeure un symbole religieux, mais quand même minimal ». Elle se réjouit de voir un géant comme Nike s’adapter aux changements sociaux et s’impliquer en faveur de la diversité. Parce que si les hijabs sportifs sont légion dans les étalages des boutiques sportives de Dubaï, les Québécoises musulmanes qui veulent s’en procurer doivent se tourner vers l’achat en ligne.

Solange Lefebvre ajoute : « il est important de montrer des jeunes femmes portant le hijab dans des contextes qui ne sont pas associés à la soumission. Au Québec, nous sommes peut- être plus sensibles qu’ailleurs sur ces questions, et c’est bon de voir les grandes marques nous rappeler que le hijab est aussi un accessoire de mode. Oui, l’implication de Nike est habile, mais on n’est pas aux premiers défis pour l’affirmation féminine. Chaque fois qu’on modifie le rapport au corps, il y a des remous. Mais à un moment donné, tout cela finit par se normaliser ».

Mettre toutes voiles dehors !

Le voile islamique semble se banaliser aux jeux olympiques et dans le sport en général. La position du Comité International Olympique (CIO) e »st censée être claire à ce sujet :

« Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique « précise l’article 50-2 du CIO. »

Plusieurs sportives ont été autorisées à porter le voile dans les compétitions olympiques afin de favoriser la participation des femmes dans certains pays. Le CIO laisse en effet le soin à chacune des fédérations sportives d’accepter le voile ou non. Mais ce n’est que depuis les jeux de Londres en 2012 que toutes les fédérations affichent des compositions mixtes. Les derniers pays à avoir intégré des femmes à leur délégation aux JO sont le Qatar, le Sultanat de Brunei et l’Arabie Saoudite, à Londres en 2012. A cette date, les femmes atteignent 44 % des athlètes alors qu’elles étaient absentes des premiers jeux olympiques modernes d’Athènes en 1896.

 

1936 : la première femme musulmane aux JO

Halet Cambel était une étudiante en archéologie de 20 ans lorsque la Turquie l’envoie aux jeux olympiques de Berlin en 1936. Cette escrimeuse faisait partie des deux premières femmes turques à participer aux JO, mais elle est devenue surtout la première musulmane à concourir aux jeux olympiques. Elle n’était pas voilée. C’était sous la république laïque d’Ataturc. Elle a de fait ouvert la voie à d’autres femmes musulmanes.

halet cambel, JO 1936

La plus illustre est sans doute la marocaine Nawal el-Moutawakel. En 1984, cette spécialiste du 400 mètres remporte la médaille d’or à Los Angeles en courant cheveux, bras, et jambes nues. Elle devient alors la première femme marocaine, arabe, africaine et musulmane à remporter une médaille d’or olympique.

Barcelone 1992. Une algérienne non voilée médaille d’or. Hassiba Boulmerka rapporte la première médaille d’or olympique de l’histoire de l’Algérie en dominant le 1500 mètres à Barcelone. Une victoire inattendue qui la met sous les feux des projecteurs. La jeune femme court non voilée, ce qui déclenche une avalanche de la part des conservateurs de son pays, mais elle reçoit les honneurs politiques nationaux pour sa victoire, malgré les critiques.

JO d’Atlanta, 1996. L’Iranienne Lyda Fariman, tireuse à la carabine, devient la première sportive à porter le voile pendant une compétition olympique. C’était la première fois que le hijab faisait son apparition aux JO. Lydia Fariman était la seule femme à représenter son pays parmi une délégation de 21 sportifs. Le CIO l’autorise alors à porter son voile lors de la cérémonie d’ouverture.

 

Le marché du sport en version islamique

En fait, peu à peu, les tabous et les préjugés commencent à tomber les uns après les autres. D’abord, de simples influenceurs, blogueurs, stylistes et créateurs se sont lancés dans la « mode islamique », c’est-à-dire, de fait, la création de collections en phase avec la vie moderne tout en respectant certains principes fondamentaux de l’Islam, en ce qui concerne notamment la notion quasi sacrée de « pudeur » et de modestie (d’où l’appellation anglo-saxonne de Modest Fashion), très vite suivis par les grande marques. Ces dernières, après un bon moments de flottements, d’hésitations, ont fini par voir qu’au-delà des controverses et des polémiques ici ou là à propos du port du foulard , il y avait une énorme demande, un vaste marché à conquérir et un nombre incalculable de génies créateurs prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes pour inventer, innover, « recycler » de l’ancien pour l’adapter à la fois aux exigences de la religion musulmane, sans renoncer au beau, à l’élégance, et au confort de leur nouvelle clientèle.

Des entrepreneures développent le sport féminin musulman

La designer et entrepreneure montréalaise d’origine iranienne, Elham Seyed a crée le ResportOn. Elle a été inspirée par ses années d’adolescence, époque où elle excellait comme joueuse de soccer. Elham ne porte pas le voile, mais soutient totalement le droit de choisir pour ses paires engagées dans la voie de la modestie religieuse.

Elham Seyed l’affirme clairement :

« j’ai trouvé une estime de moi à travers le sport. Si bien que quand j’ai vu des filles exclues de certains clubs sportifs en raison de leur hijab, j’ai décidé d’en faire une cause personnelle ».

Avec son fameux ResportOn,  lancé en 2012, elle a attiré l’attention des médias du monde entier au moment où il a été adopté par la FIFA. Ce hijab sportif est né d’un projet universitaire au cours duquel Elham a conçu 40 prototypes pour finalement trouver l’accessoire le mieux adapté aux athlètes de la Fédération internationale de taekwondo qui a, au final, adopté l’accessoire.

Forte de ce succès, Elham a finalement lancé une production à Montréal pour distribuer son produit à l’international. Véritable pionnière, la jeune designer a multiplié les collaborations, créant notamment des hijab colorés pour de jeunes skateuses afghanes et, bien sûr habillant la marathonienne saoudienne Sarah Attar lors des jeux olympiques de Londres en 2012.

Elle relate avec une grande émotion le moment où Attar a franchi la ligne d’arrivée. « Quand la course a été finie, elle a continué à courir et tout le stade s’est levé. C’était remarquable, ce qu’elle avait accompli ».

Mode musulmane ou Modest Fashion ?

En réalité, l’industrie de la mode islamique, connue désormais sous l’appellation moins stigmatisante de Modest Fashion existe déjà depuis longtemps. Mais elle l’était un peu à l’état marginal, en termes de quantités et de diversité, en laissant des pans entiers d’activités économiques, culturelles ou sportives en friche…

Aujourd’hui, la réalité de cette industrie et de ce phénomène de mode nouveau mène les professionnels de la filière à explorer tous les domaines d’activité possibles où le vêtement « islamique » peut être introduit avec trois exigences :

  • la sobriété et le non-exhibitionnisme de certaines parties du corps
  • l’aisance et la fonctionnalité par rapport à l’activité concernée
  • l’esthétique, l’élégance tant recherchée par les femmes quel que soit le motif pour lequel le vêtement en question doit être porté

Si les polémiques ont brusquement surgit à propos de la mode islamique et fait couler autant d’encre, c’est à notre sens pour deux raisons :

  • la demande qui ne cesse d’enfler, mettant à contribution les géants de grands pays occidentaux pou asiatiques (Indonésie, notamment)
  • L’émergence du fameux « burkini » qui, directement rattaché au corps si l’on ose dire, venant s’imposer concrètement au cœur de la question de ce qui est licite ou illicite, tabou ou pas ; invention ressentie dans beaucoup de pays occidentaux comme une provocation et non pas une solution de réconciliation, permettant à la fois de se baigner confortablement sans avoir à exhiber son corps au public.

Les progrès inexorables en matière de vêtements islamiques font que peu à peu, au fur et à mesure que les femmes s’intègrent à de nouvelles disciplines sportives, l’offre se prépare souvent après plusieurs essais et prototypes. On trouve donc maintenant des tenues sportives pour toutes sortes de disciplines, même celles peu connues ou peu pratiquées par les femmes musulmanes : tennis, escrime, boxe, patinage sur glace, tir à l’arc, ski, natation, course de fond etc…

Des tenues Modest Fashion adaptées

Toute femme musulmane et portant le voile s’est déjà posé cette question au moins une fois dans sa vie : « comment pourrait-on faire pour pratiquer une activité sportive en étant couverte, au moins d’une manière décente ? ». Comment ne pas souffrir de la chaleur quand on est voilée ? Que choisir pour éviter de superposer les couches afin de rester « pudique » ? Parce que les longs tee-shirts ne suffisent pas à couvrir tout le corps. Et les robes longues que l’on trouve dans le commerce sont rarement faites pour pratiquer un sport.

Les joggings classiques dévoilent souvent les formes et n’ont pas de hauts aux longueurs adaptées pour les femmes qui portent le voile. Alors comment faire ? Renoncer au sport ? Les spécialistes, designers, stylistes, fabricants ont depuis un certains temps compris et évalué la demande pour concevoir des tenues adaptées à chaque discipline sportive.

Ensemble burkini – idéale pour les activités nautiques et le sport- Nabira

Les Ensembles  Sportswear oversize sont un parfait exemple de ces tenues spéciales. Ils sont parfaits pour assurer une couverture pudique et une allure modeste. Le tissu utilisé, léger mais solide se décline en cinq coloris différents pour égayer les séances sportives : gris chiné, kaki bordeau, noir ou bleu nuit.

Autant de choix que de styles et de pratiques. La coupe large de l’ensemble oversize est idéale pour toute pratique sportive. Cet ensemble permet de se mouvoir avec assurance sans avoir à réajuster la tenue à chaque mouvement ! Il existe aussi des joggings pour hijabistes plus longs et plus larges que l’on peut trouver chez de nombreuses enseignes sportives.

Les hijâbs de sport, ça existe ?

Trouver un voile adéquat pour faire du sport, voilà la grande difficulté à laquelle sont confrontées les femmes musulmanes qui portent le voile. Le hijab, pour faire correctement du sport, ne doit ni bouger (glisser), ni faire transpirer. En plus, il faut que le hijab de running par exemple soit assez long pour couvrir les parties du corps selon les règles islamiques.

 

Il est conseillé de porter des châles en jersey viscose avec ces tenues. Cette matière permet un maintient sans la nécessité d’un bonnet.Depuis un certain temps, des marques ont lancé des cagoules hijab de running. Grâce à ces cagoules, la sportive a moins chaud. Ce hijab-cagoule de run est doté d’une ficelle à ajuster à la manière d’une capuche de sweat ; il suffit de la nouer et le tour est joué !

S’entraîner en portant un hijab

Bouger, se performer, pratiquer le taekwondo, jouer au soccer, jogger dans les parcs… Qu’est ce qui les distinguent des autres accrocs à l’endorphine ? Le hijab qui fait partie de leurs croyances et de leur mode de vie. Les accessoires et gymnases adaptés aux sportives musulmanes leur ouvre désormais la voie du dépassement physique. Sport et modestie ou pudeur religieuse s’accommodent de plus en plus.

Le hijab, ça décoiffe !

Scandales et hurlements d’indignation autour du Burkini sur les plages, fin de l’interdiction de porter le voile au sein de la FIFA, pétition qui a incité la fédération internationale de basketball (FIBA) à autoriser le hijab… Si le voile islamique a décoiffé plusieurs de ses détracteurs dans les dernières années, lentement mais sûrement, il se fait une niche dans la sphère sportive.

l’escrimeuse Ibtihaj Muhammad

Lors des jeux olympiques de Rio, l’escrimeuse Ibtihaj Muhammad a été la première athlète musulmane voilée à faire compétition dans l’équipe américaine. Il est permis d’envisager une normalisation progressive du port du hijab en contexte sportif. « C’est toujours difficile de s’imaginer réaliser ses rêves et aspirations lorsqu’il n’y a pas de modèles qui excellent dans votre sport de prédilection » confiait au magazine Rolling Stones Ibtihaj Muhammad, dans un reportage sur la montée des athlètes musulmanes.

Un voile sportif et un vêtement multifonction

De son nom complet, Elham Seyed Javad reconnaît que son gilet-cagoule pourrait être un jour utilisé par des athlètes musulmanes du monde entier -notamment d’Iran, son pays d’origine- mais elle s’empresse d’ajouter qu’il ne s’apparente pas à un signe religieux.

«  Ce n’est pas un voile sportif, c’est un morceau d’équipement qui pourrait servir a beaucoup de gens, note la designer. Le Resport est parfait pour les gens qui ont des dreadlocks, par exemple, et qui veulent protéger leurs cheveux quand ils pratiquent un sport ».

Son associée, Denise Royu, qui a accompagné et encadré le travail imagine aussi le Re sport dans les salles d’opération des hôpitaux, ou les chambres blanches des entreprises de haute technologie.

La cagoule sportive n’existe que sous la forme de trois prototypes pour le moment. Mais elle est promise à un développement rapide et d’envergure. Univalor, une entreprise qui a pour but de promouvoir les idées des universités montréalaises, pourrait exploiter l’idée d’Elham Seyed Javad.

Cette dernière n’est d’ailleurs pas à court d’idées ou de nouveaux concepts pour le moment. Elle a mis sur pied sa propre entreprise afin de commercialiser un nouveau produit, un objet-mode pour les mamans qui allaitent en public. « Le but du design est de faciliter la vie des gens », dit-elle souvent.

Le Burkini nouveau est arrivé ! Points de vue de la presse occidentale

Die Welt, un des plus grands quotidiens allemands, essaie de démêler l’imbroglio français concernant le port du voile, entre incompréhensions, définitions contradictoires et juridiction floue, voire flottante ou hésitante. En effet, pour le journal le port du voile en France a un aspect légal. Le voile intégral est interdit en France, mais le vêtement qui soulève des polémiques, c’est le hijab, un foulard qui couvre les cheveux et le cou. Le quotidien précise que ce hijab pouvait être disponible en France « mais ne devait en aucun cas couvrir le visage ».

Le quotidien El Pais s’interroge à son tour : « le hijab de Décathlon est-il en passe de devenir le nouveau Burkini ? ». Le quotidien faisait référence au maillot de bain féminin intégral porté » par des femmes musulmanes à l’été 2016 et aux polémiques suscitées en France par cette tenue.

L’occasion pour le quotidien de revenir sur le potentiel polémique de la question du voile de l’autre côté des Pyrénées : « En France, l’utilisation du hijab ou de n’importe quel vêtement qui couvre le corps de la femme -musulmane en particulier- est toujours sujette à controverse dans la société et la sphère politique au nom d’une conception fermée de la laïcité ».